Crise des prix de l'engrais : comment amortir les hausses en 2025 ?
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Hausse des prix et volatilité extrême en 2025
Début 2025, les prix des engrais connaissent une nouvelle flambée. Les chiffres sont sans appel : l'urée grimpe de 20 %, le DAP de 5 % et le chlorure de potassium de 8 %, selon la Banque mondiale. En Europe, le prix de l'urée varie entre 382 et 453 euros la tonne, loin devant les moyennes 2020-2021. L'ammonitrate 33,5 suit la même tendance, avec un prix oscillant entre 405 et 435 euros/tonne. Cette envolée est largement expliquée par le poids du gaz naturel, qui représente jusqu'à 80 % du coût de production de l'azote. L'indice des prix des intrants agricoles confirme la tendance avec +1,1 % en janvier 2025.
Facteurs aggravants de la crise
La flambée des prix s'explique par des tensions multiples : les stocks d'engrais sont au plus bas, les importations d'urée du Belarus sont bloquées à plus de 70 %, et la production européenne est fortement réduite. La mise en place d'une taxe de 40 €/t sur les engrais russes (prévue pour juillet 2025) risque d'aggraver encore la situation. À cela s'ajoutent des coûts énergétiques élevés, des barrières douanières et une demande mondiale qui ne faiblit pas.
Conséquences économiques pour les agriculteurs
Pour un blé tendre recevant 171 kg N/ha, le surcoût d'engrais atteint 178 €/ha par rapport à la moyenne 2017-2021. Pour compenser, il faudrait 11 quintaux/ha de rendement en plus ou un prix de vente à 198 €/t, contre une moyenne actuelle oscillant entre 180 et 200 €/t. De nombreux agriculteurs réduisent leurs apports, au risque de faire baisser le rendement et la qualité. Certaines exploitations enregistrent jusqu'à 30 % de baisse de marge brute.
Stratégies concrètes pour amortir les hausses
Optimisation technique
Le calcul du bilan azoté permet d'atteindre 97 % du rendement maximal avec une dose optimisée. Les outils de pilotage comme les capteurs permettent d'économiser jusqu'à 20 % de la dose d'azote sans perte de rendement. La modulation intra-parcellaire et le fractionnement des apports permettent également d'économiser entre 20 et 50 unités N/ha selon les situations.
Stratégies d'achat
L'achat fractionné (50 % en amont, 50 % ajusté) permet de lisser la volatilité. La synchronisation entre vente de récolte et achat d'engrais limite l'effet ciseau. La diversification des fournisseurs devient nécessaire, avec un report vers l'Égypte, l'Algérie ou les États-Unis pour compenser les pertes d'approvisionnement russes et biélorusses.
Mesures collectives
Les syndicats agricoles demandent la suspension des taxes antidumping et des droits à l'importation. Ces mesures pourraient contenir la flambée des prix. La vigilance sur les stocks et la coordination entre acteurs deviennent indispensables.
Perspectives pour le printemps 2025
Les prix resteront hauts : pas de baisse structurelle attendue à court terme. Les coûts énergétiques, les tensions géopolitiques et les nouvelles taxes créent un cocktail explosif. Une nouvelle vague de hausse est probable en cas de choc exogène.
Conclusion : Piloter, anticiper, diversifier
La crise des engrais n’est pas conjoncturelle, elle devient structurelle. Pour maintenir la rentabilité, les agriculteurs doivent s’appuyer sur les outils d’aide à la décision, optimiser chaque unité d’azote et revoir leur stratégie d’achat. TerraGrow permet de centraliser les données d’intrants, suivre la marge sur azote en temps réel, et ajuster les apports à la parcelle.