Moisson : investir dans son matériel ou faire appel à une CUMA ?
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Introduction
Le renouvellement du matériel de récolte est l’une des décisions les plus coûteuses pour un exploitant agricole. Face à l’envolée des prix des moissonneuses (+27,5 % depuis 2019) et aux tensions de trésorerie dans les exploitations, une alternative s’impose : la CUMA. Mais est-elle adaptée à toutes les situations ? Cet article propose une analyse comparative chiffrée et documentée des deux modèles pour orienter les agriculteurs vers la meilleure stratégie.
Coûts réels d’investissement et d’utilisation
Acheter une moissonneuse neuve coûte entre 250 000 et 500 000 €. L’amortissement s’étale sur 7 à 8 ans, avec un coût de moisson estimé entre 98 et 115 €/ha, carburant et main-d’œuvre compris. Les charges de mécanisation représentent jusqu’à 25 % des coûts d’exploitation dans ce modèle. En CUMA, le même chantier coûte entre 55 et 75 €/ha, soit une économie moyenne de 30 %. Le coût initial est divisé : seuls 20 % sont supportés en droits d’utilisation, le reste étant mutualisé ou financé collectivement.
Les bénéfices économiques de la mutualisation
La CUMA permet de diviser les charges de mécanisation par 2 à 8, selon les machines. Elle permet également un usage intensif du matériel : une presse à balles rondes passe de 500 à 3 185 utilisations/an entre une gestion individuelle et en CUMA. Ces volumes réduisent fortement le coût unitaire d’utilisation. Une exploitation peut économiser jusqu’à 15 000 €/an en rejoignant une CUMA, selon la FNCUMA.
Statistiques et portée du modèle CUMA
La France compte plus de 10 000 CUMA, regroupant 95 000 adhérents. Pourtant, moins de 10 % des machines sont mutualisées. L’objectif est d’atteindre 30 % à l’horizon 2050. Le matériel de récolte concentre les plus forts investissements (+20 % sur ce poste en 2 ans). En moyenne, une CUMA investit 92 000 €/an pour 66 500 € de chiffre d’affaires.
Limites à prendre en compte
La mutualisation impose une organisation collective : gestion des plannings, répartition des coûts, maintenance partagée. Elle peut être moins réactive face à la météo ou aux imprévus. De plus, la fiscalité française reste plus favorable à l’achat individuel (amortissements, revente). Enfin, à partir de 300-400 ha, l’investissement individuel peut redevenir intéressant, notamment pour ceux qui souhaitent offrir des prestations.
Conclusion
Les chiffres sont sans appel : la CUMA permet de réduire considérablement les coûts de récolte, tout en offrant un accès à un matériel performant et récent. Elle constitue une solution idéale pour les exploitations de taille moyenne, notamment dans un contexte de hausse continue du prix des équipements. L’investissement individuel conserve sa pertinence pour les grandes structures ou les modèles prestataires. Dans tous les cas, une analyse précise des coûts et du contexte local est indispensable.