Quel est le poids réel des produits phytosanitaires dans les charges d’exploitation agricole ?

Introduction

Les produits phytosanitaires sont souvent au centre des débats sur les coûts agricoles. Mais quelle est leur part exacte dans les charges d’exploitation ? Sont-ils un poste secondaire ou l’un des premiers leviers d’optimisation ? Voici un panorama chiffré, culture par culture, pour mieux comprendre leur impact.

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Une part moyenne de 10 à 15 % des charges complètes

En grandes cultures, les produits phytosanitaires représentent en moyenne 10 % du total des charges d’exploitation pour les céréales à paille, une part qui monte à 12 % pour le maïs et peut atteindre 15 % pour certaines cultures spécialisées comme la pomme de terre ou le colza.

Ce ratio les place généralement en deuxième position après les engrais (12 à 15 %), devant les semences (8 à 10 %) et le carburant (environ 4 %). Lorsqu’on isole les intrants (semences, engrais, phytos, eau), les phytosanitaires peuvent constituer jusqu'à 30 % du poste.

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Des coûts à l’hectare très variables

Les charges phytosanitaires par hectare varient énormément selon les cultures et les systèmes techniques :

• Blé tendre : de 147 à 300 €/ha selon le rendement et le niveau de protection.
• Maïs grain : de 170 à 800 €/ha, notamment selon l’irrigation et la pression parasitaire.
• Colza : entre 95 et 165 €/ha.
• Pomme de terre : jusqu'à 2 120 €/ha, soit le poste de coût principal dans certains cas.

Les cultures spécialisées comme la vigne ou les vergers affichent également des coûts élevés, allant de 350 à 700 €/ha en viticulture.

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Une évolution récente marquée par l'inflation

Depuis 2022, les coûts des produits phytosanitaires ont augmenté de 15 à 20 %, portés par l'inflation, les tensions d'approvisionnement et la hausse des coûts de production des fabricants. Cette augmentation a directement impacté la marge brute des exploitations, avec un effet estimé de -10 à -30 €/ha selon les cultures.

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Des disparités selon les systèmes et les régions

Le poids des phytos dépend du système agricole (conventionnel, HVE, bio), du climat (pression parasitaire, humidité), et de la culture. Par exemple :

• En pommes de terre, il peut atteindre 2 000 €/ha.
• En céréales, il reste plus modéré mais significatif.
• En prairies ou légumineuses, il est très réduit voire nul.

Les IFT (indices de fréquence de traitement) confirment ces écarts : autour de 5,1 pour le blé, 6,4 pour le colza, et plus de 19 pour la pomme de terre.

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Un coût indirect pour la société

Les phytosanitaires ne coûtent pas seulement à l’agriculteur : les externalités négatives (santé publique, environnement, traitement de l’eau) sont estimées entre 372 millions et 8,2 milliards d’euros par an. Le seul traitement de l’eau potable en représente plus de 260 millions.

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Synthèse : un poste incontournable mais optimisable

En conclusion, les produits phytosanitaires représentent en moyenne 10 à 12 % des charges d’exploitation en grandes cultures, jusqu'à 25 % dans les systèmes les plus intensifs. Leur poids dépend fortement du contexte technique et économique de chaque ferme.

Les stratégies de réduction (modulation, substitution, réglage du matériel, rotation) permettent d’alléger significativement cette charge tout en maintenant les performances.

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