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Réduire les coûts des produits phytosanitaires sans perte d'efficacité : stratégies, chiffres et solutions

Introduction

La pression croissante autour de l’utilisation des produits phytosanitaires se traduit par une nécessité de réduction. Mais peut-on alléger les coûts sans compromettre l’efficacité des traitements ? Les données récentes et les expérimentations répondent clairement : oui, à condition de s’engager dans une transition bien accompagnée.

Un panorama contrasté de l'utilisation des produits phytosanitaires

En France, les herbicides dominent le marché avec 44 % des substances vendues en 2022. Hors bio et biocontrôle, leur part atteint 67 %, marquée par une forte progression du prosulfocarbe, très volatil. Pourtant, les ventes de substances actives non utilisées en agriculture biologique ont diminué de 19 % entre 2009 et 2022. Le pourcentage de substances CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) a, lui, chuté de 33 % à 15 %.

Paradoxalement, la consommation globale a progressé de 14 % selon l’indicateur NODU (nombre de doses unités par hectare) entre 2009-2011 et 2018-2020.

Des coûts visibles… et cachés

En moyenne, les coûts directs d’achat s’échelonnent entre 10 et 60 €/ha par unité d’IFT. Il faut y ajouter les frais de traitement, estimés à 30 €/ha pour chaque passage de pulvérisateur. Côté mécanisation, un pulvérisateur coûte entre 6 000 € et 130 000 € selon la gamme.

Les coûts indirects sont majeurs : pollution de l'eau, impact sanitaire, coûts de gestion réglementaire. Rien que le traitement des eaux polluées coûte plus de 260 millions d'euros par an. Le total des coûts sociétaux des pesticides est estimé entre 372 millions et 8,2 milliards d'euros annuellement.

Comment réduire les coûts sans sacrifier l'efficacité ?

1. Optimiser les applications

La modulation des doses, adaptée dans l'espace et dans le temps, à l'aide d'outils d’aide à la décision, permet de réduire les volumes utilisés tout en maintenant les résultats. Le traitement de l'eau de pulvérisation, en évitant le pH trop basique ou trop acide, augmente la disponibilité et l'efficacité des produits.

2. Modifier l'itinéraire technique

Changer de culture ou ajuster les dates de semis et la fertilisation influence fortement la pression parasitaire. Diversifier les cultures, introduire des couverts, pratiquer le faux-semis ou le binage (selon le type de sol) sont autant de leviers efficaces.

3. Recourir au biocontrôle et aux solutions naturelles

Les extraits végétaux (purins, décoctions) et les biostimulants, bien que parfois plus chers à l'achat, améliorent la résistance des cultures et réduisent le besoin en chimie. Leur adoption est facilitée par l’arrivée de réglementations plus claires et de soutiens publics.

4. Intégrer des variétés résistantes

Le choix variétal devient stratégique : résistance aux maladies, tolérance aux bioagresseurs, moindre besoin en traitements. Ces variétés s'intègrent dans une stratégie plus large de gestion agroécologique.

5. Mesurer l'impact économique global

L’INRAE estime que réduire l’IFT de 30 à 42 % est faisable sans perte de rentabilité, si l’on adapte le système de culture. Les réductions possibles sont impressionnantes : -37 % pour les herbicides, -47 % pour les fongicides, -60 % pour les insecticides.

En céréales d’hiver, une baisse de 25-30 % des intrants peut même élever la marge brute. En bio, réduire le désherbage mécanique de moitié ne nuit pas à la rentabilité.

Le poids de l'organisation du travail

Moins d'intrants, c'est aussi moins de passages et donc moins de carburant, mais parfois plus d'observations et de surveillance. L’organisation du calendrier cultural doit être revue pour intégrer les contraintes des nouvelles pratiques (délais d’efficacité, fenêtres d’intervention, disponibilité de la main d’œuvre).

Alternatives : quel coût réel ?

Les couverts végétaux en interculture coûtent 20 à 44 €/ha. Les biocontrôles, jusqu'à 44 €/ha. Le désherbage mécanique : 75 €/ha. D'autres dispositifs comme les bandes enherbées atteignent 225 €/ha. Ces coûts sont réels, mais souvent compensés par la baisse des achats chimiques et des épandages.

Les politiques publiques produisent des résultats

Le plan Ecophyto, bien que critiqué pour sa lenteur, a permis une baisse moyenne de 18 à 38 % de l’IFT sur certaines périodes, avec jusqu'à -46 % sur des campagnes particulières. Des plateformes INRAE et CIRAD ont réussi à réduire de 30 à 50 % les phytosanitaires tout en maintenant la rentabilité.

Ce que cela implique pour les exploitants

Les fermes les plus intensives (France, Belgique, Pays-Bas) ont les marges financières pour investir dans le matériel, la formation, et la recherche d’alternatives. Mais toutes les fermes peuvent progresser, à condition d’être accompagnées, avec des outils, des aides, et une stratégie claire.

Conclusion : viser l'efficacité économique et agronomique

Réduire les coûts des phytosanitaires passe par :

  • L’optimisation technico-économique.
  • La transformation des itinéraires techniques.
  • L’intégration de solutions alternatives et naturelles.
  • Le soutien public et la formation continue.

TerraGrow, grâce à ses outils de planification culturale, de suivi de l’IFT, de conseil réglementaire et de pilotage de l’intrant, permet aux agriculteurs de franchir ce cap avec sérénité.

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